Le Dit des Images
S’il faut donner raison à Oscar Wilde, la seule chose que puisse contempler l’admirateur (ou le contempteur) d’une œuvre d’art, n’est rien d’autre que son propre reflet. Dès lors, toute critique devient lamentation personnelle, et abandonne le pauvre néophyte à des abimes d’incertitude…
Que pouvoir dire, alors, d’une œuvre ? Que pouvoir dire, de plus, de son image, de cette chose encore plus incertaine qui sert à l’exhiber au regard de ceux qui ne peuvent l’approcher pour s’en emparer et l’embrasser de visu ?
Mais il faut bien que les idées circulent. Alors, par pure fantaisie et puisque l’œuvre est miroir, au miroir, opposons un autre miroir : des mots à l’image de l’image des mots. Juste quelques mots pour dire le possible de la rencontre.
Miroir face au miroir. Peut-être l’un des chemins les plus courts vers l’infini.
Voilà le dit des images…
• Le temps est à l’orage - 2
Agata PREYZNER
Le sombre qui s'annonce
balaie le vent des idées
même d'un bonheur
à deux sous
Le ciel qui s'enfuit
emporte tout futur
même d'un demain
sans fête
Les nuages qui viennent
ferment le ciel des espoirs
même d'un avenir
anonyme
La pluie qui nous gifle
évanouit l'empreinte
même des armées
dans la boue
La nuit arrive
et nous dansons
sans voir arriver
la mort qui s'annonce
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• 105-0562
Vincent Gouraud
Contrôle des corps
de pauvres esprits
errent sans lignes
droits et droites
oubliés dans l'âme
d'une civilisation
sans civilités
Perdre un chemin
que l'on n'a jamais
pris ni trouvé
gens et sens
oubliés dans le creux
d'une société
sans liens
À côté du réel
à-côtés des cœurs
qui s'égarent en nuit
faux et fossés
des oubliés aveugles
d'un commerce
sans fonds
Toi,
tu ne sais ni le haut ni le bas
tu ne sais plus l'autre
tu ne sais plus toi
ferme les yeux sur
le chemin que montrent
le bâton et le bât
Vis,
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• N° 13
Nausicaa Favart-Amouroux
Ils sont là,
sans gestes,
dans les traits
barbelés de la vie.
Ils sont là,
sans univers,
pour seul horizon
le dos des autres.
Ils sont là,
sans espoir,
dans la griffe
étroite du mépris
Ils sont là,
corps de douleurs,
assommés
d'humiliations.
Ils sont là,
sans vie.
Ils sont là,
comme nous.
Aparté
Ces œuvres et ces textes se sont rencontrés dans le cadre de l’évènement Mots Arts qui se tient à Cergy-Pontoise et où artistes et écrivains s’adonnent au plaisir de la libre rencontre.
Je poursuis l’exercice hors les murs en m’attachant à des œuvres croisées au détour d’un regard, productions d’âmes amies ou d’autres qui pourraient le devenir si l’un de leurs travaux emplit mes sens jusqu’aux neurones…
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